Réaliser le rêve inachevé
de mon Grand-Père 

Jules Grobet
Jules Grobet

Mon concept, ma démarche.

Je m’appelle Jules Grobet et suis en dernière année de maturité. Mon Grand-Père, Bernard Grobet que je n’ai malheureusement pas connu, était une légende dans le monde de la nuit et du show-business en tant que propriétaire et gérant du Griffin’s Club. Tellement de personnes me parlent de lui et me l’ont décrit, c’est pourquoi, j’ai voulu m’intéresser à sa vie. C’est en me plongeant dans son histoire que j’ai appris qu’à la fin de sa carrière, il avait voulu organiser une soirée caritative, regroupant de nombreux artistes amis. Soirée au cours de laquelle il y aurait tenu une vente aux enchères des livres d’Or du Griffin’s Club au profit d’associations en faveur des enfants qui vivent en Suisse romande et qui font face à des difficultés.
J’ai donc décidé de m’inspirer de cette idée pour lui rendre hommage au travers de mon travail de maturité, qui porte sur l’organisation de plusieurs ventes aux enchères de photos et dédicaces de grands artistes ou thématiques susceptibles d’intéresser le public, le tout au profit de l’association « tous unis pour l’enfance » (TUPE)

La première vente d’une centaine de photos se déroulera du 27 octobre au 3 novembre 2022.
À l’automne 2023, une autre vente – cette fois «en salle» – de cadres regroupant des photos et des dédicaces d’artistes ou sportifs connus sera effectuée à l’occasion de la réouverture du Griffin’s Club à Genève.

Comme j’ai beaucoup de photos à disposition et que je ne suis pas limité dans le temps avec mon site de vente en ligne, j’ai également décidé de faire un lien entre mes deux projets, en prolongeant la première vente par la vente régulière de photos supplémentaires jusqu’à la vente des cadres dans une année. Ceci permettra de récolter encore plus de fonds et faire plus de promotion pour l’association que j’ai choisie et qui me fait confiance dans ce projet.

L’association « tous unis pour l’enfance » (TUPE) a pour ambition de soutenir, promouvoir et fédérer toutes les associations d’aide à l’enfance actives en Suisse romande, quels que soit leur domaine d’activité. Elle va fonctionner un peu comme un Hub vers les associations et fondations au profit de l’enfance en Suisse romande les plus connues. Elle correspond exactement à ce que je cherchais car elle va permettre d’aider localement plusieurs projets liés à l’enfance.

Au-delà d’une Histoire
conventionnelle 

MES OBJECTIFS AVEC CE PROJET

Le premier, c’est de mieux comprendre la vie de mon grand-père. En rencontrant plusieurs personnes qui l’ont bien connu, en me plongeant dans les documents, photos et articles de presse que j’ai pu trouver, cela me permet de relier les différents points d’un puzzle, qui commence à former une bonne image de son histoire et de qui il était en réalité. Alors, qu’après ma Matu, je souhaite faire l’école hôtelière cela me montre également certaines facettes des métiers de l’hôtellerie.
Le second objectif c’est de récolter un maximum de fonds pour une association caritative aidant les enfants en Suisse romande en organisant une vente aux enchères de photos (pour mon travail de maturité), puis plus tard de cadres mêlant photos et autographes de célébrités, prisent au sein du Griffin’s.

L’histoire de Bernard H. Grobet,
mon grand-père

Son enfance jusqu’à l’ouverture
du Griffin’s Club

Mon grand-père est né en 1940. Jeune il était très sportif ce qui l’a amené à être vice-champion suisse junior de tennis. Je pense que c’est ce qui lui a donné le goût du challenge. Alors qu’il souhaitait devenir médecin son père l’a contraint a faire des études plus commerciales. Comme il avait le contact facile et qu’il aimait bien les gens, il a décidé de s’inscrire à l’Ecole Hôtelière de Lausanne (EHL).
Au milieu de ce cursus alors qu’il était en stage il reçoit une proposition pour rester travailler au Century l’hôtel où il travaillait. Hôtel dont il a rapidement pris la direction à l’âge de seulement 23 ans. Comme il avait un esprit d’entrepreneur et de l’ambition il décide alors de travailler sur un concept novateur de club. Fin 1964, il ouvre The Griffin’s Club et une année après The Griffin’s Pub, le premier pub en Suisse.

Concept du Griffin’s Club

Tout d’abord il est important de préciser que le Griffin’s était un club privé, ce qui veut dire pour que pour y entrer, il fallait être membre ou invité par un membre. Mon grand-père voulait créer un lieu où des personnes influentes de tous les domaines pourraient échanger tout en s’amusant. À l’époque de l’ouverture fin 1964, les animations tournaient principalement autour de concerts, mais il y avait également un restaurant pour favoriser les discussions plus sérieuses. Ce dernier est devenu au fil du temps une des meilleures tables de Suisse romande. Le restaurant a même été coté 16/20 au Gault & Millau, équivalent à 2 étoiles Michelin. En plus de ce qu’il y a dans l’assiette, tout ceci devait être accompagné de bons vins. C’est ainsi qu’il est rapidement devenu une des références des vins de Bordeaux, qu’il affectionnait tout particulièrement. Toutes ces raisons font que cet endroit attirait la plus belle clientèle de la région. Le temps passant les concerts ont fait place au disco des années 70 puis aux nombreux styles de musiques diffusés par des DJs.

PROVENANCE DU NOM ET SON EMBLÈME

Mon grand-père a toujours pensé que pour réussir à Genève, citée très calviniste, il fallait d’abord convaincre une clientèle internationale et que seulement après les genevois un peu plus réticents suivraient. C’est probablement pourquoi, initialement mon grand-père souhaitait appeler son club le Saint-James. Mais, alors que l’immeuble dans lequel le Club allait ouvrir en sous-sol était en construction, un futur voisin d’importance est venu lui parler de deux points sensibles. C’est ainsi que le curé de l’Eglise Saint-Joseph situé juste à côté à pointer avec beaucoup d’humour et de gentillesse qu’il trouvait difficile de faire cohabiter l’un à côté de l’autre, deux saints aux activités si différentes.

Mais alors d’où provient le nom et son emblème. Animal de la mythologie grecque, le Griffon est composé d’un corps de lion et d’un buste d’aigle. Il symbolise la force et l’élégance. Griffon en anglais… se dit Griffin, adjoint à Club, cela donne le The Griffin’s Club.
Le logo est donc composé de l’animal restylisé de façon contemporaine, et du nom qui fut longtemps écrit avec des caractères grecs avant d’évolué au fil des années, selon les modes et les évolutions graphiques.

La deuxième chose qui l’ennuyait, c’est qu’initialement la porte principale du Club aurait dû se situer dans la rue du Petit-Senn, c’est-à-dire juste en face de la porte de sortie de l’Église. Il se serait d’ailleurs adressé à mon grand-père avec une formule amusante du type «vous ne pensez pas faire sortir les membres de votre club, juste en face de la sortie de ceux du mien». C’est ainsi, alors que la construction des premières fondations qui avait déjà commencées, qu’il a été décidé de changer de nom et l’orientation de la porte qui finalement s’est située dans la rue Duchosal. Cette sympathique cohabitation a duré tout au long de la carrière de mon grand-père.

Voici la première version historique

LES PREMIÈRES ANNÉES

Comme expliqué plus haut, bien sûr les disques existaient déjà, mais cela n’avait rien à voir avec les technologies et les DJs stars d’aujourd’hui. C’est pourquoi cela favorisait la musique live. Et mon grand-père qui voyait toujours grand, souhaitait organiser des galas avec des stars internationales. Ce qui lui permettrait d’avoir cette renommée qui convaincrait bien au-delà des frontières et qui par effet boomrang permettrait de convertir les genevois à son concept. La grande difficulté tenait dans le lieu qui n’était pas très pratique pour accueillir des artistes connus qui avaient plutôt l’habitude de se produire dans des grandes salles.

Une rencontre va tout changer et lui ouvrir les portes du show business. Et pourtant cette rencontre a démarré par une situation plutôt cocasse. En effet, un jour, alors que le Club vient d’ouvrir ses portes, un Monsieur se présente à l’entrée du Club. Ce Monsieur, c’est Johnny Stark, le producteur de grandes stars de l’époque. Et c’est là que Bernard joue le quitte ou double. Dans un premier temps, il lui explique que son club est tellement plein que même pour lui, il n’y a pas de place. Puis finalement, lui propose de l’accompagner en bas en lui précisant qu’ils se serreraient à sa table. En fait, le club était vide. Monsieur Stark a trouvé cela tellement drôle et «couillu», qu’il s’est immédiatement pris d’amitié pour mon grand-père. C’est grâce à lui que Bernard a connu et sympathisé avec les premiers grands artistes qui se sont produits dans sa «cave». Quelques temps après, il a également connu et s’est lié d’amitié avec Eddie Barclay. Entouré de ces deux producteurs de génie, cela lui a permis de rapidement se faire un nom dans le milieu des artistes.

Grâce à ces rencontres, dès 1965 des artistes incroyables se produiront en concert au Griffin’s Club, tels que: Ella Fitzgerald, Dionne Warwick, Cliff Richard, Randy Crawford, Claude Nougaro, Françoise Hardy, Michel Sardou, Sérgio Mendes, Ben E. King, Nino Ferrer, Mireille Mathieu, Michel Delpech, Pierre Perret, Nicoletta, Marie Laforêt, …

4 stars
3 stars_Carré

…Nicole Croisille, Manitas de Plata, Georges Moustaki, Léo Ferré, Barbara, Demis Roussos, Gérard Lenorman, Manitas de Plata, Arthur Conley, Marthino da Vila, Georges Moustaki, Nicoletta et bien d’autres…

D’autres ne chanteront pas, mais fréquenteront régulièrement le restaurant et/ou la discothèque, tels que: Brigitte Bardot, Alain Delon, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Charles Trenet, Michel Polnareff, Jacques Dutronc, Hugues Aufray, Véronique Sanson, Charles Aznavour, France Gall, Sylvie Vartan, Nina Simone, David Niven, Omar Shariff, Yul Brinner, Onasis, César, Dustin Hoffman, Kirk Douglas, Cerrone, Johnny Stark, Serge Gainsbourg, Jane Birkin, Daniel Guichard, Mike Brandt, Sylvia Christel, Roger Vadim, Mort Schuman et Eddie Barclay, Serge Lama, Dani, Claude Brasseur, Michèle Morgan, Tino Rossi, Dave, Jeane Manson, Robert Hossein, Petula Clark. Patrick Juvet, La Famille Knie, Fredy Girardet, Claude Nobs, Coluche, Gérard Depardieu, Annie Girardot, Claudine Auger, Bernard Fresson, Gilbert Bécaud, Guy Bedos, Julien Clerc, Plastic Bertrand, Gina Lollobridgida, Michel Jonasz et bien d’autres.

1980, travaux & ouverture d’un Griffin, version ii

Alors que le Griffin’s marchait très fort et que c’était «the place to be», mon grand-père sentant le concurrence s’intensifier, avec de nouveaux acteurs qui arrivait sur le marché, telle que Régine, reine de la nuit parisienne (décédée cette année) décide de créer – avec l’aide précieuse de Michèle Grobet – ma grand-mère une toute nouvelle version du Club.

 

Une course contre la montre s’engage, car pour changer il fallait tout casser, ce qui signifiait fermer durant toute la durée des travaux. Au bout de trois mois de travaux très intense, le 28 mars 1980, le Griffin’s rouvre ses portes dans une toute nouvelle version, bien plus en phase avec son époque.

Cette réouverture marque le tournant d’une époque. Les artistes se produisent désormais dans des salles immenses, par conséquent le challenge pour mon grand-père était de préserver la notion de Club à tout prix pour ne pas perdre sa clientèle haut de gamme et n’être considéré comme une simple discothèque. Ce que j’ai compris de lui, c’est que c’était un personnage très charismatique et qui donnait beaucoup à son entourage, donc à ses clients. Je pense que c’est une partie du succès.
Mais également le fait de ne pas céder aux valeurs qu’il avait voulu pour son club, à savoir : luxe, élégance, discrétion absolue

pour ses membres et pour les artistes qui y venaient et comme mentionné plus haut un restaurant d’exception.
Son pari est réussi puisque les clients locaux et internationaux, ainsi que les plus grandes stars ont continué à rendre visite à mon grand-père chaque fois que cela leur était possible.

Petite anecdote que mon grand-père mentionnait souvent c’est que suite aux travaux et au changement de disposition des espaces qu’il avait voulu pour son nouveau Griffin’s, ce dernier avait les toilettes les plus chères de Genève, car il avait dû racheter une boutique pour pouvoir les mettre à l’endroit où il le souhaitait dans cette nouvelle configuration.

C’est ainsi qu’à la déjà longue liste de noms précités, viendront s’ajouter les noms de: Thierry le Luron, Bjorn Borg, Isabelle Adjani, Daniel Balavoine, Eddy Mitchell, Daniel Balavoine, Sacha Distel, Julio Iglesias, Michel Berger, Omar Sharif, Louis Amstrong, Roger Hanin, Carole Bouquet, Philippe Noiret, Jean-Jacques Goldman, Pierre Richard, Nastassja Kinski, Nathalie Baye, Christophe Lambert, Michèle Morgan, Gérard Oury, Renaud, Laurent Voulzy, Richard Berry, Frédéric Dard, David Hallyday, César et même l’Abbé Pierre invité par Robert Hossein à l’occasion d’une émission de télé qui lui était consacré.

Fin 1989, la fin de l’aventure

Lorsque mon grand-père a tout cassé pour faire sa deuxième version du Griffin’s, il s’était posé la question de s’il devait vendre ou continuer, car le milieu de la nuit, ses horaires nocturnes, la fumée en permanence (et oui à l’époque on fumait dans les restaurants et les bars), etc. était très difficile pour la santé.

Finalement, il décide de continuer, mais en se fixant l’objectif d’arrêter pour ses 50 ans. Ce qu’il a fait. Il a vendu à l’apogée de sa carrière.
Vendre en plein succès, ce n’est pas facile à faire. Et pourtant, il l’a fait.

Mon grand-père était une légende dans le domaine de la vie nocturne.

 

C’était l’ami des plus grands artistes, hommes et femmes qui comptaient dans le business, etc. Tout ceci, il ne le doit qu’à lui, à son travail, aux risques qu’il a su prendre. C’était un vrai entrepreneur.

 

Heureusement qu’il a pris la décision d’arrêter la nuit à l’âge de 50 ans et qu’il a pu profiter quelques années de ce qu’il avait gagné durant toutes ces années de travail jour et nuit, car malheureusement il décède à l’âge de 57 ans après avoir été malade de deux cancers successifs.